13 mars 1862

Cher cousin,

Je suis pénétrée d'une vive reconnaissance pour la bonté que vous mettez à vous intéresser à mes nièces, les demoiselles Mikorski et je vous en exprime mes plus sincères remerciements. C'est maintenant surtout que leurs positions leur imposent de quitter la Suisse, où elles ont eu beaucoup de succès mais où elles ne pourraient jamais espérer gagner plus que le stricte nécessaire pour subvenir aux dépenses indispensables.

Et l'Italie leur ayant présenté les mêmes chances sous ce rapport elles sont décidées à se rendre à Paris. C'est maintenant dis-je surtout qu'elles ont besoin de recourir à votre protection pour y obtenir d'être entendues par le directeur du grand opéra et y trouver un engagement si leurs talents …. le leur mériter. Ne leur refusez donc pas cher cousin ce que par votre influence vous pouvez faire pour leur avenir, et il est superflu de vous dire quelle en sera ma reconnaissance. Je vous embrasse tendrement ainsi que tous les vôtres.

Votre dévouée tante.

Le 9 de ce mois le général Rychtowski est mort : vous comprenez le désespoir de votre tante elle est inconsolable de ce malheur après avoir vécu ensemble près de 28 ans dans une réciproque affection. Etienne et Léon se donnent mille peines pour consoler leur tendre mère et tout le monde se joint à eux pour lui témoigner de la considération qu'elle mérite à tous égards ; c'est elle aussi qui m'a recommandé de vous informer du grand malheur dont elle vient d'être frappée.