26 août 1862

Monsieur le Comte

Si je ne savais que vous possédez la religion des souvenirs, je n'oserais m'adresser à vous Monsieur le Comte, pour solliciter votre bienveillant intérêt et votre protection pour mademoiselle Georgina Schubert de Dresde engagée à débuter au théâtre lyrique de Paris c'est elle qui vous porte ces lignes : et celle, qui prend la liberté de vous les adresser est parente à feu votre mère.

Petite fille de feu le comte Colonna Anastase Walewski propre sœur de feu Casimir Walewski, qui jusqu'au dernier moment de sa vie vous a conservé les plus affectueux sentiments. Puis-je vous avouer, à titre de vieille grand-mère, Monsieur le Comte, que j'ai toujours partagé cette sympathie et me permettez-vous de vous rappeler que j'ai eu l'avantage de vous voir chez moi tant à Varsovie qu'à Lowicz en l'an de grâce 1831.

J'évoque ces souvenirs comme base de la liberté que j'ose prendre de vous importuner. D'ailleurs, le talent plein de charme de grâce et de bon goût de mon aimable protégée justifiera j'aime à le croire la protection que vous daignerez lui accorder. Je termine ma prière par tout ce qu'elle peut m'offrir de plus agréable Monsieur le Comte c'est en me rappelant à votre bienveillant souvenir et en vous priant d'agréer les assurances de mes sentiments les plus distingués.

Monsieur le Comte

P.S. :

Ce 26 août 1862

A l'instant je viens de recevoir une lettre de la mère de Georgina Schubert qui me supplie de vous implorer Monsieur le Comte afin que les débuts de sa fille ne soient pas retardés. A titre d'allemande, elle tremble qu'elle n'essuie quelque désagrément à Paris. Soyez donc son égide et sa providence Monsieur le Comte vous vous attirerez mille bénédictions.