Ce 28 septembre 1834

J'ai passé la dernière semaine à ... très cher Walewski et votre lettre du 20 août m'est parvenue la veille de mon départ. Mon Dieu que peut arriver à mes lettres ? Voici ma cinquième, j'ai reçu quatre de vous. Par un hasard extraordinaire je reçois toujours une de vous quelques jours après vous avoir écrit. Elles ne valent pas grand chose. Cependant je suis désolée qu'elles ne vous parviennent pas.


Votre petite* fait nos délices à son oncle et à moi. Elle gagne beaucoup, elle est bien chérie. Et elle baise votre portrait tous les jours en disant "Papa come back from Africa". Elle comprend tout, en français et en anglais, et elle fait bien des efforts pour parler mais j'avoue que son langage est encore inintelligible pour les non initiés.


Mon cher, Sandwich, Sir ... ... enfin tous vos amis parlent souvent de vous et avec une affection et un intérêt bien véritable. J'ai bien des choses à vous dire de ... de son mari et de Harry … qui était à D... Il retourne bientôt à Paris, mais pense le quitter tout de bon au commencement du printemps. Son père désire qu'il s'établisse en Angleterre mais pour le mariage, il sera difficile. Monsieur ... est tout à fait de la société des Chesterfield et le colonel Peel l'ayant rencontré avec eux à Doncaster l'a invité à ... où tutti quanti doivent se trouver entre les new market meetings. Le mois prochain je comptais y aller. Mais j'y ai renoncé.


 Harriet est à la grange et très souffrante. Bingham [?] m'écrit qu'elle a le foie attaqué ce qui cause des douleurs à la poitrine, engourdissement du bras, des douleurs aux cuisses et au dos. Elle ne digère rien ! Elle va à la villa de Monsieur de B... à  douze milles de Londres pour être près de Sir Henry Halford. Je suis bien bien inquiète, mais je n'y peux rien. Tout cela me rend bien malheureuse, car j'ai la conviction qu'elle ne vivra pas. Il y a des moments où je me trouve si profondément accablée que si je croyais que tout se terminait pour nous avec la vie de ce monde, j'y mettrais un terme sans y penser deux fois. Mais j'ai tant souffert que cela même aide à ma conviction qu'il y a une autre existence dont nous savons peu de chose. Wolo... ne m'a jamais écrit mais je sais par d'autres que votre fils est bien. Pauvre petit chéri. Il me tarde de le retrouver. Avez-vous procuré le fauteuil pour ... ? Probablement n'y avez-vous plus pensé.


J'espère bientôt recevoir les nouvelles de la réussite de votre mission à … Lord ... me dit que cela veut dire esclave du Cadi. Il faut qu'il parle turc ce lord of the B…


Sercey m'écrit que son maréchal est un égoïste. J'espère qu'il ne mettra pas d'entrave à votre affaire. Où en êtes-vous actuellement ? Flahault a assisté au grand diner à ... pour Lord G... et B… lui a adressé des compliments dans son discours. Les C..., les D... et je crois les Seftons [´?] doivent aller à Valençay le mois prochain. Tout est tranquille pour le moment The Times et la presse en général attaquent Lord B.. On l'accuse d'être devenu conservateur. Ici
Richard Sutton [ ?] a tué à lui seul à B... cent dix couples de perdrix il y a dix jours entre sept heures et demi du matin et trois heures et quart de l'après midi, et il est rentré pour le déjeuner pendant ce temps.


Que Dieu vous conserve mon cher Walewski. Portez-vous bien, et croyez à toute l'affection de votre mère. Sandwich vous fait mille tendres amitiés.

 

*Note : Il est certainement question de Louise Marie née en 1833 et d'après Valynselle morte en 1833. Vu la date de la lettre il y a un problème.