Mon cher Monsieur Richter,

Voici la lettre que je reçois de Monsieur Baronnet, veuillez aller au plus tôt au reçu de ma lettre vous présenter chez lui pour lui témoigner tous les regrets que j’éprouve de ne pouvoir le satisfaire dans le désir qu’il m’exprime ; mon congé est déplorable, d’un moment à l’autre je puis revenir à Paris et ce qui pis est, c’est ce que je ne suis pas certaine de pouvoir garder les vingt actions que Monsieur Baronnet a eu l’obligeance de me céder, n’ayant pas ou plutôt n’ayant plus de capitaux ; je n’ai point de banquier, le peu que je possédais, fortune modeste gagnée par les fatigues de l’artiste, les derniers et tristes événements de France m’ont tout enlevé, excepté une maison de campagne vendue à Monsieur de Fitz-James, mais ce dernier ne me payant que la rente du capitale peut d’un jour à l’autre aussi me faire rentrer dans cette propriété si j’en demandais peut être le paiement total et immédiat. Donc, mon cher Monsieur, ne perdez point de temps pour fournir à Monsieur Baronnet les moyens de se pourvoir ailleurs, si par le temps qui est on peut trouver la chance de s’éloigner d’un gouffre qui s’ouvre devant nous.

Veuillez recevoir mes compliments et n’oubliez pas l’affaire du Dwernicki et du Beauvallet, avant peu je vous demanderai de vous présenter chez Monsieur le Comte de Fitz-James pour lui demander le paiement de ma maison de Marly qui devra s’effectuer un an après le jour de ma réclamation.

Rachel

Bruxelles, 15 juin 1848