Madame,
Je viens de recevoir votre lettre qui date du 6 de ce mois courant qui m’informe de l’état de votre santé ainsi que de toute votre famille. Nous et notre chère fille Rachel se porte bien. L’intérieur de notre ménage est très tranquille : plus de dispute, plus d’ennuis, mais il nous manque rien à (...) que de l’appétit ; si ma lettre est en retard, voici la cause : je voulais attendre la seconde représentation, voulant savoir quel effet produira Cinna. Elle a obtenu un succès éblouissant, on lui a jeté des bouquets et des couronnes, comme Cinna est une pièce plus froide et politique qui n’intéresse pas tant qu’ Horace je croyais que le public serait moins enthousiasmé, mais je me suis trompé. C’était un triomphe complet. Nous avons vu tomber à ses pieds des couronnes, des bouquets de toutes sortes de couleurs. Pour ma part j’étais très content d’elle, sa voix était pure et juste. Elle avait un peu peur en entrant mais une pluie d’applaudissements a dissipé sa peur et le reste alla très bien. Voilà toutes les nouvelles que j’ai à vous dire pour le moment. Rachel s’amuse assez bien à Rouen. Elle a dit hier en partant elle ne croyait pas en partant que l’on s’amuse si bien en province. Je n’ai plus rien à vous dire pour le moment.
Agréez mes salutations.
Votre ami Félix
Mille compliments de ma femme à vous, à votre mère ainsi que vos enfants.
Je vous prie de ne faire voir ma lettre à personne

(Réponse)

 

Voici la transcription littérale de la lettre :

Madame,
Je viens de recevoir votre lettre qui date du 6 de ce mois courante qui m’informe létat de votre santé insis que toutes votre famille nous et notre chère fil Rachel se porte pien [ ?] Lintériere de notre ménage est très tranquil plus de tisput plus d’ennouy mais il nous manque rien à (...) que de l’appétit ; sie ma lettre est en retard voiçi la cause, je voullée atandre la çeconde reprasontation voulande savoire quel effet protuirat cinnat, éll a optonu un succai éplouisante on lui a jeter des pouquetes et des couronnes, comme Cinnat est une pièce luis froit et politique qui n’intérese pas ten que horac je croijez que le publique moin enthousiasmée, més je m’suis trompéz s’étete un triomf complete nous avons vus tomper a ses piets des couronnes des boulquets de toutes sorte de couleure, pour ma part je éttai trèz contante d’elle, ça voi éttés pure et juste ell avet un peu peure en entran mais une plui d’aplautisemet a disiper ça peur et le reste alla tre pien voila doute les nouvèle que je a vous dier pour le momand raché s’amuse assés pien a rouan elle a tite hière en portant elle ne groije pas en parten qu l’on samuze si pien en provinçe je plurien a vous dire pour le momand aerés ( ?) mes salutatation votre amis Félix
Mill complimedes de ma famme a vous a votre mérre ainsi que vaux enfances
Je vous prie de ne faire voire ma lettre a pérsonne
(réponse)

Rouen 11.06.1840