Ma bonne Mère,

Je suis allée te voir aujourd'hui à deux heures espérant en passer quelques unes avec toi. Ne te rencontrant pas je suis allée acheter tous les ustensiles de mon ménage. J'avais promis à Raphaël de revenir ce soir mais je suis tant fatiguée de mes courses de la journée que tu serais bien bonne si au lieu de retourner ce soir rue Neuve du Luxembourg, tu ne venais donner la soirée quai Malaquais chez ta fille Rachel. Si Sarah est libre elle serait aussi bien gentille de t'accompagner. Je sais que je lui demande beaucoup car je sais qu'elle travaille comme quatre et que bien naturellement le repos est nécessaire. Le spectacle à la cour étant retardé d'un jour, on m'a prié de jouer à la comédie française demain mardi le rôle de Roxane. Si tu es libre je ne doute pas que tu viennes avec tous ceux qui disent m'aimer un peu. Je mets à mes frais toutes les citadines qu'il faudra pour vous transporter chez moi.

Mille tendres baisers, ta fille qui t'aime de tout son cœur
Rachel

Paris, 18 avril 1842