[Papier à monogramme « R »]

Le 3 février 1854

 

Ma chère mère,

Je ne puis me résigner à mettre ma maison en vente pendant mon absence, parce que je ne veux pas qu'on aille la visiter maintenant ; mais au mois de mai alors que je serai de retour à Paris je ne demande pas mieux de m'en défaire, il y en a une à Saint-Pétersbourg qui me plait beaucoup.

Je ne t'écris rien autre ce matin, je suis très occupée. Je joue ce soir, j'ai plusieurs visites à faire étant sur le point de quitter cette capitale ; dans trois jours je serai sur la route de Moscou. Il paraît que mon succès sera plus grand encore dans cette ville qu'ici.

Je lis ce matin qu'on me marie en France avec un prince russe, si par hasard le bruit en arrive aussi jusqu'à tes oreilles, réponds que je ne quitte pas le théâtre français pour si peu de choses.

Mille baisers ta fille

Rachel

 

Je suis bien heureuse d'apprendre que Rébec va mieux ; elle a donc été bien malade cette pauvre petite sœurette ?

J'ai reçu toutes tes lettres en réponse aux miennes au sujet des sommes fabuleuses que je t'ai adressées.

Dinette est fort inquiète sur ses fonds, elle veut savoir par toi si Henri Blumenthal les a reçus.