Paris, le 5 mai 1863

Mon cher Alexandre,

J'ai appris avec grand plaisir que tu avais refusé d'être commissaire des courses ; c'est là une preuve de jugement dont je te sais gré. Je lis avec grand intérêt tes lettres et tous les détails que tu donnes dans ta correspondance avec Charles et Elise me prouvent que tu es heureux et que tu mènes une vie sage et réglée.

J'espère que tu travailles sérieusement et que tu ne te laisses pas aller à un certain penchant à la paresse, penchant fort regrettable si tu ne parvenais pas à le vaincre. Tu es en bonne voie ; tu feras ton chemin honorablement et même brillamment mais pour cela, il faut travailler, il faut surtout prendre l'habitude et le goût du travail, sans quoi tu ne sortiras pas d'une situation de médiocrité qui ne me satisferait nullement. Je veux que dans peu d'années d'ici tu sois signalé au département des affaires étrangères comme l'espoir de la carrière consulaire ; rien de moins ne me satisferait et si tu le veux cela sera. Mais encore une fois il faut le vouloir : les alouettes ne tombent pas toutes rôties dans la bouche.

Je ferai pour Gabriel ce que tu me demandes.

Je t'embrasse.