Paris, le 6 mars 1867

Mon cher Alexandre,

Ton rapport à Monsieur des Essarts est bien fait peut être un peu laconique dans certaines parties et trop détaillé dans d'autres.

Je viens de demander qu'on te laisse à Beyrouth et c'est chose convenue. Quant à la gérance, il n'en sera pas question car Monsieur de Moustier est décidé à remplacer immédiatement Monsieur des Essarts s'il s'absente ne voulant pas laisser un poste aussi important entre les mains d'un intérimaire.

Je suis charmé d'apprendre que ta santé va bien, que veux-tu dire en parlant d'étouffements quotidiens ?

C'est probablement les muquosités qui montent et descendent.

Je n'ai pas encore reçu ta réponse au sujet du déplacement de fonds. Je t'avoue que je suis doublement contrarié de cette détermination d'abord parce que tu as eu l'air d'agir sournoisement et sans me consulter ; et ensuite parce que je me défie de ces placements qui rapportent 15 ou 20% et au bout desquels il y a presque toujours une déception.

Je suis dans le coup de feu d'une session qui s'annonce comme devant être assez orageuse ; jusqu'à présent cependant cela va bien.

Je t'embrasse de tout coeur. Soigne toi, sois gai, aies bon espoir dans l'avenir et jouis du présent avec modération.