Liège 15 juillet 1853

Cher fils,

J'ai été si pressée par les voyages et par le nombre de représentations que je m'étais engagée à donner en Belgique que je n'ai pu trouver plus tôt un moment pour te demander des nouvelles de ta santé et des progrès de ta sagesse, mais voilà que j'ai un jour de vacances et bien vite j'en profite pour me donner mon meilleur plaisir mon plus grand bonheur celui de causer avec mon cher Colonna.

Gabriel a-t-il été passer plusieurs (jours ?) au collège avec toi a-t-il compris le bonheur qui l'attendait de demeurer prochainement avec son frère dans une maison si paternelle pour les petits enfants puisqu'il ne sort de Sainte Barbe que des hommes bien élevés, instruits et honnêtes. Grand mère et tes tantes sont-elles allées te voir souvent, as-tu parlé avec elles quelque fois de ta petite mère qui se fatigue en ce moment avec bonheur parce que son travail apporte tous les jours l'argent qu'il faut pour payer la pension de ses fils et leur assurera un avenir tranquille.

Ecris-moi, mon petit ... à la Haye, poste restante j'y serai dans deux jours et si ta lettre est bonne et gentille et surtout lisiblement écrite elle me donnera une double force pour achever ce mois de juillet qui me paraît bien long, il me sépare de mes enfants.

A revoir ami, reçois mille tendresses de ta petite mère qui te chérit tendrement ainsi que ton frère à qui tu donneras tes meilleurs baisers pour moi.

Ton oncle Raphaël t'envoie une poignée de mains comme il ferait à un homme dit-il. Tout de lui paraît raisonnable.

Mon coeur est à vous deux mes chers enfants.

Votre mère Rachel.