Thèbes le 12 février 1857

Mon bien cher enfant ton adorable petite lettre a produit sur moi l'effet que tu en attendais, le médecin allemand m'a fait beaucoup rire et Rose n'a pas tardé à apprendre son nouveau rôle ; aussi à peine suis-je éveillée la voilà qui arrive prenant un air tout à fait doctoral elle me prend le poux à l'air de réfléchir comme un vrai savant puis elle me donne les meilleures espérances sur le prochain rétablissement de ma santé enfin elle est si sérieuse dans sa visite de tous les matins qu'elle est capable de se croire en rentrant à Paris un véritable médecin.

Depuis quatre jours le soleil d'Egypte a à peine montré le bout de son nez le ciel est gris mais sans nuage il vente à faire craindre tous les tremblements de terre possible, heureusement qu'il n'y a aucun danger à courir je suis dans une maison dont les murs ont deux mètres d'épaisseur et les portes et les fenêtres parfaitement clos ; malgré ce mauvais temps ma toux a diminué, mes nuits sont plus calmes enfin je dors quelques heures si tu savais quelle jouissance j'en ai mon cher enfant. Il y avait si longtemps que ce repos réparateur me manquait Dieu soit loué je vais je pense retrouver quelque calme et alors de la force ; il me faut toujours une grande patience car je ne suis pas encore guérie mais j'ai plus que de l'espoir aujourd'hui et la pensée que quelques années de ma vie de ma tendresse de ma carrière peuvent être utiles encore à mes chers petits garçons, me donne un courage bien grand pour me soigner et prendre patience et lorsque je serai rentrée forte dans la vie quelle douce et immense récompense de vous retrouver dans mes bras vous couvrant de tous les baisers de mes lèvres vous entourant de tout l'amour de mon coeur comme je vous aime mes chers enfants ! Tout à vous deux votre petite mère.