Saint Tropez, le 7 octobre 1868

 

 

Ma Chère Madame,

Si tous ont été consternés, imaginez combien j'ai été affligé moi qui l'avais vu, connu, apprécié de si près, et qui avais voué la plus entière affection à cette noble, loyale et haute nature. Je ne cesse de penser à lui et à vous depuis que j'ai appris la funeste nouvelle. Et cependant c'est à peine si aujourd'hui encore je puis me résoudre à vous écrire. Que vous dire qui soit de nature à égaler et à adoucir votre douleur ? Si j'étais quelque chose je vous dirais : disposez de moi. N'étant rien je ne puis que vous envoyer l'assurance de la fidélité avec laquelle son souvenir vivra en moi et du dévouement affectueux qu'en toute occasion je serai heureux de mettre à votre service et à celui de tous les vôtres. Quant aux consolations je n'en connais pas. Pleurez-le plus que vous pourrez je ne vois rien d'autre d'efficace. Après tout il est au port, sans avoir jamais fléchi. Lorsque d'autres disparaitront, on en dira pas autant.

Dès que j'arriverai à Paris je viendrai vous serrer la main que je vous prie de me laisser respecteusement baiser d'ici.

Votre tout dévoué.