le 12 août - Eaux Bonnes

 

 

Je commençais à désespérer de recevoir de vos nouvelles ma chère Marie quand enfin la poste est venue me tirer de toutes mes suppositions plus ou moins tristes sur la cause de votre silence car je savais Elise malade et par conséquent je craignais que vous ne fussiez très inquiète. Heureusement voila tout sujet de préoccupation fini puisque vous êtes partis pour Vichy.

Je ne m'étonne pas de l'impression que vous avez sur Vichy c'est la même qu'on ressent dans toutes les villes d'eaux où l'on va réellement pour sa santé, cette réunion d'êtres souffrants sur un si petit espace rend bien triste j'ai ressenti la même chose ici surtout les premiers jours car on finit par se faire à tout même aux choses les moins gaies.
Le temps semble se remettre au beau, et nous n'avons pas été gâtés jusqu'à présent ici aussi c'est avec bonheur que nous voyons ce bon soleil revenir.

Je trouve votre idée d'aller à Chamonix on ne peut plus aimable car vous savez combien j'ai du plaisir à vous voir, cependant pour être juste je crois que cette fois je dois remercier votre mari car je le soupçonne d'en avoir eu l'idée dites le lui de ma part. Mon long voyage m'effraie moins puisque j'ai l'espoir de voir des figures amies au milieu de tant que je ne connais pas.

Il ne me reste plus que la fatigue à craindre mais Dieu aidant j'en aurai la force d'ailleurs il le faut bien.

Je suis sur le coup de mon départ qui aura lieu le 14 aussi je n'ai pas beaucoup de temps.

Mes souvenirs affectueux à Walewski je vous embrasse tendrement.