Michel Montaigne le 29 septembre 1868

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Chère Madame Walewska,

Quelle affreuse nouvelle ! j'en suis anéanti. Je ne puis pas me faire à l'idée de ne plus trouver ce rare et sincère ami si dévoué, si sûr, véritable trésor d'honnêteté et de franchise.

C'est une grande perte pour le pays et pour l'Empereur qui n'avait pas de serviteur plus réellement attaché à sa personne et à sa dynastie.

Mais c'est vous chère Madame Walewska et vos enfants que ce coup inattendu et si terrible a surtout frappé ; c'est à vous que les nombreux amis de Monsieur Walewski doivent les premiers témoignages de leurs douleurs et de leur affectueuse sympathie. Je vous prie de compter de la manière la plus absolue sur la mienne.

Si je n'étais pas retenu par un mal à la jambe je me serais rendu immédiatement à Paris non pour vous apporter des consolations pour un malheur qui n'en comporte pas, mais pour me mettre à votre disposition et pour m'associer au dernier devoir rendu à ce pauvre ami que je pleurerai longtemps mais j'y serai de coeur par mes pensées et mes prières.