Samedi 9 octobre 1868

Mon Cher Monsieur Magne,

Merci de votre bonne lettre d'hier votre affection pour mon mari sera pour moi une douce consolation, mais aussi comme il vous était attaché ! Il me parlait toujours de vous ! Oh oui ! C'est une perte affreuse pour ses amis, pour sa famille ; pour moi j'ai tout perdu !!

Je serai bien heureuse de vous revoir soyez-en certain !

Aujourd'hui, je viens sans détour demander à l'ami de mon pauvre mari d'être le tuteur de mes enfants ! Leur guide dans cette vie ! Et je suis certaine que celui qui n'est plus doit le désirer et vous bénira !! Mes affaires seront je crois bien simples la fortune est plus que modeste ! Il y a Orx ! Voilà où il faut que l'Empereur m'aide que puis-je en faire ? J'ai reçu avant hier une lettre de l'Empereur des plus affectueuses et disant qu'il reportait sur mes enfants toute l'amitié qu'il avait pour lui ... ! En un mot que je dois compter sur lui! Je lui ai déjà écrit deux fois sans parler affaires, fortune, rien ! Simplement pour lui parler correspondances et papiers secrets que j'ai dans les mains ! Je lui ai dit enfin que je vous demandais d'être le tuteur de mes enfants, et que j'étais certaine qu'il m'approuverait.

Je suis encore couchée mais je vais mieux, et je pense lundi me lever un peu ! J'espère que vous êtes tout à fait bien et Madame Magne aussi, dites-lui que je l'embrasse tendrement et que je lui écrirai bientôt. Vous et elle vous serez mes plus tendres amis ! Mes enfants et moi vous aimeront toute notre vie ! J'ai bien besoin que ses amis m'aiment car je suis si malheureuse ! En fait de témoignages de sympathie, et de regret pour lui, je puis dire que j'en ai reçus et que j'en reçois de partout ; souverains, princes, particuliers, ouvriers, pauvres, je ne sais pas qui ne m'a pas écrit et n'écrit pas encore !

A revoir bientôt, mon cher Monsieur Magne, croyez à la sincère affection que j'ai pour vous.