ce jeudi matin

Mon Cher Monsieur Magne,

Je ne puis aller chez vous ce matin je dois aller au mariage de Mademoiselle de V... !

J'ai vu hier chez moi l'homme du moment le Général Changarnier il croit que Monsieur Thiers est très affaibli quoiqu'il fasse ; il est resté avec moi très longtemps le Général pense que pour le moment il faut un gouvernement militaire, il m'a parlé de vous, dans les termes les plus élogieux, ce qui est bien naturel ! Il m'a promis de me tenir au courant et de venir me voir ; il m'a dit qu'il lui fallait beaucoup de prudence du côté des bonapastistes que ces derniers parlaient trop, que Monsieur Rouher se ralliait franchement à la droite sans esprit de parti. Il m'a demandé si je le savais ? Et a fini par dire sous le sceau du secret qu'à quatre heure du matin Thiers travaillait avec Gambetta ! C'est effrayant !! Toute espèce de racommodage n'est que bien provisoire. Voilà en peu de mots ce que je sais le Général était venu déjà la veille sans me trouver ! Vous voyez qu'il tient à me voir. Il faut de l'habileté et le laisser faire.

Allez-vous à Versailles aujourd'hui ? Mille amitiés.