13 juillet 1863

 

Ma chère Madame Walewska,

Avez vous cru que je pourrai demeurer bien longtemps sans avoir de vos nouvelles et de celles de Walewski.

Si je ne vous ai pas écrit plutôt ma pensée n'en va pas moins chaque jour vous chercher dans votre Etiolles, tantôt je me promène entre vous deux sous l'ombrage de la magnifique allée, dont j'ai conservé le souvenir, tantôt je reprends une de ces causeries intimes où par de récents exemples nous constatons de nouveau .... la folie des uns la haine des autres la faiblesse d'un assez grand nombre la rouerie de la plupart et le peu de dignité de tous. Monter au pouvoir n'est rien savoir en descendre là est la difficulté aussi combien sont au dessous de leur rôle. Je n'ai pas été surpris mais charmé de la manière dont Walewski a rempli le sien. j'en ai conçu pour lui encore plus d'estime, et d'amitié, s'il est possible. Il a noblement répondu à ce que nous en disions souvent. Dites lui que j'ai lu tout bas à l'Empereur la dernière note qu'il lui a adressée. Elle a été écoutée avec une attention soutenue. Je m'attendais à quelque réflexion. Il n'y en a eu aucune.Le silence voulait-il dire qui ne dit mot consent ou du moins approuve?

Sa Majesté m'a lançé ce matin les mots suivants d'un ton animé et satisfait : Jamais Vichy ne m'avait fait tant de bien.Pas plus de César ici qu'à Fontainebleau, point de réception , des promenades fréquentes et des excursions avec l'entourage. Les baigneurs sont en très grand nombre, mais très peu de personnes distinguées et des visages la plupart inconnus. Mme Litta n'est plus que l'ombre d'elle même la décadence a encore fait des progrès depuis l'année, je ne sais pas si le dos a conservé sa beauté la poitrine du moins a disparu; comme quelques unes passent tandis que d'autres se rient du temps et se survivront dans je ne sais quelle jeunesse qui semble ne pas vouloir finir.

Adieu chère Madame Walewska répondez mmoi quelques lignes sur vous sur Walewski serrez lui affectueusement la main de ma part et tous deux ne cessez pas de me croire votre ami.

Bien à vous.