Vichy 30 juillet

 

 

Ma Chère Madame Walewska,

Votre bonne lettre m’a rappelé une de nos causeries d’autrefois. J’ai vu avec plaisir la troupe des artistes, des gens de lettres, des diplomates défilant à Etiolles, je doute qu’elle ait été aussi grande à Chamarande* ou chez les autres sortants.

D’abord il y a beaucoup d’ingrats, ensuite, il faut bien lui rendre cette justice, Walewski avait bien plus que ses collègues de ces qualités qui gagnent l’estime et l’affection. N’importe je ne me serais pas attendu à des témoignages de reconnaissance si nombreux et si hautement manifestés. Ils font honneur à ceux qui les ont donnés et à celui qui les a reçus. Cette partie de votre lettre a fait du bien à votre ami.

J’ai pressé l’Empereur de répondre à l’Empereur (sic) de répondre au sujet d’Orx. Il est d’avis d’attendre encore le résultat de nouveaux renseignements pris sur les lieux.

Vous avez bien raison à chercher à vous caser. Il ne suffit pas comme le disait Walewski d’avoir sa malle faite, il faut encore avoir sa chaumière prête. Mais tout est relatif et dans Paris une chaumière même un peu convenable est difficile à trouver.

Après Vichy, c’est à dire après le 5 août nous rentrons à Saint Cloud. L’Empereur se rend au Haras du Pin, revient et après le 15 se rend au camp de Chalon puis vers la fin du mois à Biarritz avec l’Impératrice. Parmi tous ces déplacements il ne me reste guère de chance de vous revoir puisque vous serez au bord de la mer pendant le temps où je serai à Montretout.

Presque chaque jour je parle de vous deux avec Monsieur Desvallières brave et digne garçon qui lui au moins est un de vos fidèles.

Les eaux cette année sont fort salutaires à l’Empereur qui se contente du bain. Rien ici de digne de vous être raconté. La société a beau se renouveler elle demeure toujours fort commune. La quantité l’emporte beaucoup sur la qualité.

Adieu, chère Madame Walewska, amitié sincère à Walewski et à vous.

 

 

P.S. : donnez-moi de vos nouvelles après votre installation au bord de la mer.

 

 

Note : Chamarande est la propriété de Persigny