Eugène Anatole de Valbezen (?-1885)

Notice biographique

 

 

 

Diplomate et écrivain, mort en mai 1885.

Fils de Mlle de Bezenval, dont il porte le nom retourné.

Consul général, ministre plénipotentiaire, attaché d'ambassade à Madrid, consul au Cap, consul à Damas, consul à Anvers (1860-1862), consul à Varsovie (1863-1864), consul à Calcutta.

Sous le pseudonyme "le Major Fridolin", il publie des articles littéraires aux "Débats", et publie en Belgique une brochure d'actualité, le Chien d'Alcibiade (1844). On lui doit aussi plusieurs romans : la Malle de l'Inde, Récits d'hier et d'aujourd'hui, la Retraite des Dix-Mille.

Son ouvrage principal est Les anglais dans l'Inde (Nouvelles études), Paris, chez Plon et Cie, 1875. 2 vol.

 

 

De Valbezen, — qu'on regardait au Collège comme le fils d'un Talleyrand, porte le nom retourné de Mlle de Bezenval, sa mère. Attaché d'ambassade à Madrid, consul au Cap, puis consul à Damas, il a été privé de ses fonctions en 48; mais renvoyé ensuite à Damas, il s'est distingué par sa présence d'esprit et son courage dans les affaires d'Alep, et il a occupé depuis le consulat de Calcutta. Or, voulez-vous faire connaissance aussi avec le major Fridolin? Le major a signé de fort jolies nouvelles : une dans les Débats c'est La Queue du chien d'Alcibiade, et une dans la Revue des Deux-Mondes ayant pour titre Retraite des Dix-Mille, etc. Ce nom frileux est un pseudonyme, un manteau couleur de muraille à l'usage des aventures littéraires. Les folies d'Espagne, les services diplomatiques et les veillées littéraires de Valbezen lui ont acquis des droits réels à son grand maigre de surnom. C'est principalement à Madrid qu'il a perdu un embonpoint précoce.

Histoire du Lycée Bonaparte (Collége Bourbon) (1862) par Lefeuve, Charles Paris : Bureau des Anciennes Maisons de Paris sous Napoléon III

 

 

— M. de Valbezen avait jadis donné sous ce même nom, le Major Fridolin, des articles littéraires aux Débats, et publié en Belgique une brochure d'actualité, le Chien d'Alcibiadc (1844). On doit encore à cet écrivain plusieurs romans : la Malle de l'Inde, Récits d'hier et d*aujourd'hui, in-18, chez Lévy, et surtout un remarquable travail publié à la même librairie et paru d'abord dans la Revue des Deux-Mondes sous ce titre : Les Anglais et l'Inde (in-8°), et signé également de son pseudonyme. Il est mort au mois de mai 1885.

Dictionnaire des pseudonymes Par Georges d' Heylli 1977

 

 

J’ ai voulu tuer le temps par une lecture qui occupa mon esprit sans le fatiguer et j’ai pris un livre de Monsieur de Valbezen ; les Anglais et l’Inde, auquel nos relations de cet hiver donneront un intérêt particulier, l’auteur a vécu dans l’Inde où il était consul de France ; il s’est donc très bien ce qu’il dit, et un lecteur sérieux trouve toujours sa pâture dans les ouvrages qui offrent cette garantie ; il a beaucoup d’esprit, des mots heureux, du trait, des aperçus ingénieux et piquants, et quelques inexpériences d’écrivain, quelques phrases embarrassées ou boiteuses ne choqueront que des pédants ; je n’en parle donc pas. Ces tâches là sont d’ailleurs très rares, et elles montrent seulement qu’on a affaire à un homme du monde et non à un auteur. J’ai relevé dans ce journal une naïveté de Monsieur de Valbezen au profit de Monsieur de Gentis ; était-elle volontaire ou roulait-elle de source ! je laisse la solution du problème à d’autres.

Toujours est-il que dans son livre ; il tient à ne pas paraître naïf. Il se montre franchement hostile aux philanthropes qui ont ruiné les colonies anglaises des Antilles et qui ruineront l’empire britannique de l’Inde avec la maxime que ce grand pays doit être gouverné par lui-même et pour lui-même et non pour l’Angleterre et par les anglais. Il croit que les gens à éducation libérale qui trouvent là l’emploi de leur savoir aient des chances de fortune, forment des révolutions dans leur patrie faute de cet exutoire. Il n’est pas plus indulgent pour la société biblique et pour le parti des saints qu’irritait la tolérance religieuse de l’Honorable Compagnie et il invoque à l’appui de son opinion le bon sens si éclairé du Marquis de Willerey depuis Duc de Wellington. Il insiste à chaque page sur l’absence du sens moral chez les indous, sur leur complète indifférence au mensonge et au parjure, et il constate le peu de fruits que les missionnaires protestants ont jusqu’ici recueilli de leur labeur. Il proclame au contraire l’efficacité des efforts de la Compagnie pour détruire en certains districts l’habitude de l’infanticide, pour abolir partout le sacrifice des veuves, pour anéantir les Thugs ou étrangleurs, les Daturas ou empoisonneurs dont les crimes se comptaient par milliers, ou les Dacoits ou chauffeurs qui n’étaient pas moins redoutables.

D’excellentes indications statistiques, des renseignements curieux sur le commerce, des vues saines sur la condition des employés civils et militaires de la Compagnie déroutent un peu le lecteur habitué à chercher sur les bords du Gange l’arbre aux roupies ou la réalisation des contes des Mille et une Nuits, et, bien que la révolte des cipayes et l’abolition du régime qui avait fondé l’empire indien aient changé bien des choses dans cette lointaine contrée, il y a encore grand profit et véritable agrément à lire ce volume. Terminons notre brève analyse par 3 citations qui étonneront les gens habitués à se faire un roman de l’Inde au lieu d’un tableau réel :

De Calcutta Monsieur de Valbezen dit : « quant aux soins de propreté, au nettoyage des rues et des ruisseaux, municipalités et habitants restent étrangers à ce service d’utilité publique exclusivement confié au zèle et aux bons soins de la population animale de la ville, population aussi nombreuse que variée ». Du pays en lui, il ajoute : « l’Inde n’est qu’un lieu d’exil une Sibérie tropicale sur le sol de laquelle l’européen ne s’acclimate pas et qu’il quitte le jour où il a assuré la paix de sa vieillesse. Le home pour le Nabab même est en Angleterre. » Enfin, il réduit à la prose la poésie du palanquin et il affirme qu’auprès de ce moyen de locomotion, les coucous, les voituriers et les coches semblent le dernier « mot de la civilisation et du progrès ».

Les Cahiers d'Henri Prat
Henri Prat > Tome 2 - 2 > 1871 - Janv.-Mars
http://www.philippemorize.com/frontoffice/index.asp?id=768