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TIROIR 74 PAQUET PREMIER

Quelques documens touchant les deux vicaires du curé de Bagnes

On ne peut presque pas douter que les curés de Bagnes n'ayent eu pour ainsi dire de tout tems un vicaire. L'acte de fondation de la chapelle de Notre-Dame de Compassion en fait quelque mention. Voyés l'article suivant, N° 1 [74/2/1]. Il en est fait expressément mention dans le 2d article de la transaction de 1688, cotté ci-dessus, Provisions récentes des curés de Bagnes, N° 6 [73/2/6]. La visite pastorale de 1687 semble aussi le supposer. Enfin, il n'est guère probable que, dans une paroisse si grande et toujour aussi peuplée que l'est celle de Bagnes, les seuls curés ayent pu ordinairement suffire. Aussi a-t-on regardé la chose comme incontestable dans l'acte qui suit.

74/1/1
Vicariats de Bagnes
Original
1692

Révérend Jean-François Pellissier de Martigni [Martigny], vicaire de Bagnes, voyant le grand besoin où étoit la paroisse de Bagnes d'avoir un second vicariat, donne actuellement et entre vifs la somme de 70 pistoles d'Espagne, ou la valeur pour en commencer la fondation, à la charge que le vicaire qui en jouira dira 4 messes annuelles avec les vigiles des morts pour le soulagement de son âme et de ses prédécesseurs, et en outre une grande messe pour les fondateurs de ce vicariat, avec encore cette réserve qu'au cas que le curé moderne ou futurs fissent cesser pendant 4 mois le service de ce vicariat, en étant avertis trois fois par les sindics et plus souvent par l'ordinaire et par les illustres patrons de cette église, et cela sans cause légitime, ledit donateur entend que lesdites 70 pistoles soient distribuées pour le vêtement de 70 pauvres de Bagnes.

D'un autre côté, les sindics de Bagnes, le conseil et toute la communauté donnent aussi 80 pistoles, dites dans le même acte et pour la même fondation, s'engagent de plus de maintenir ces deux sommes capitales, et celles qu'on pourroit faire ensuite avec l'intérêt au cinq pour cent, lesquelles censes le curé aura soin de recouvrer avec ses autres rentes, et cela sous les conditions suivantes, outre les deux précédentes, savoir :

1° que le curé se procurera un prêtre capable, agréable et bien vu de la communauté, vivant avec ledit curé, obéissant à ses ordres et le secourant dans toutes les administrations des sacrements, et approuvé par Mgr l'évêque de Sion ;

2° que le curé fera dire - dans le tems convenable - une messe matinière chaque jour de fête, et plus souvent autant qu'il pourra ;

3° que ce 3e prêtre sera obligé d'enseigner à lire et écrire aux petits enfans, à condition que leurs parens lui payent un juste honoraire, et non autrement ;

4° que si le service de ce vicariat cessoit pendant 4 mois, toutes les censes de ladite somme capitale de la communauté de Bagnes seront distribuées aux pauvres de la paroisse, et que quoique ladite communauté se charge de maintenir lesdites sommes et futures s'il s'en faisoit, elles ne pourront être reçues ni prêtées sans le consentement du curé et de tout le conseil, sous peine de les payer une seconde fois.

Enfin, on prie Mgr l'évêque [Adrien V de Riedmatten] d'approuver et de confirmer cet acte de fondation, fait à Bagnes le 7. décembre 1692, en présence de M. le curé Defago [François Defago].

Double original, remis par ledit curé [François Defago] à l'abbé Camanis [Nicolas-François Camanis] seulement le 11. octobre 1708. Le consentement de l'Abbaye n'est point requis dans cet acte.

3 documents cotés :
CHA 74/1/1~1
CHA 74/1/1~2
CHA 74/1/1~3

<page 1085>

74/1/2
Vicariats de Bagnes
Original
1708

Quelques difficultés s'étant élevées, dans la visite faite à Bagnes en 1706 par Mgr Supersaxe [Franz Joseph Supersaxo], entre l'Abbaye et les paroissiens de Bagnes au sujet de la prémice, des droits pour mortuaires et de la fondation d'un second vicariat, l'abbé Camanis [Nicolas-François Camanis] pria Mgr l'évêque de suspendre ses ordonnances là-dessus, jusqu'à ce qu'on eût tenté d'en venir à quelque accord entre les parties. Mais ces tentatives n'ayant pas eu de succès, on comparut en may 1708 devant le prédit évêque qui, en forme d'une continuation de sa visite, fit les ordonnances suivantes le 21. may 1708 :

1° Les paroissiens ne seront obligés, à teneur des anciennes visites, de donner qu'un gros monnoye de Sion au curé pour la prémice.

2° Le curé doit percevoir 3 batz pour le mortuaire, et pour chaque messe - au jour de la sépulture, au septième et à l'anniversaire - 6 batz avec l'offrande accoutumée, avertissant les paroissiens de continuer au curé les dévotions et oblations libres, cependant sans conséquence.

3° Que la fondation pour un second vicaire s'achève selon l'intention des fondateurs, et quand elle sera achevée avec les clauses requises, elle sera confirmée comme de droit par l'ordinaire. Mais pour achever ladite fondation, il est permis de prendre de l'argent du tronc, comme il a été accordé dans la visite, ou de se servir d'autres moyens propres et aux dépends de toute la vallée de Bagnes.

1 document coté :
CHA 74/1/2

74/1/3
Vicariats de Bagnes
Original
1708

L'abbé Camanis [Nicolas-François Camanis] croyant l'Abbaye lésée par ces ordonnances, en appella sur-le-champ, et ensuitte - de l'avis de son Chapitre - supplia l'évêque de lui accorder un mandat d'appel ; mais ne l'ayant pu obtenir, il en écrivit au nonce pour se plaindre, et lui demender un mandat inhibitorial et citatoire contre les sindics de Bagnes pour paroître devant la nuntiature, et les obliger à lui communiquer la procédure avec leurs titres, ce que ledit nonce accorda le 20. aoust même anée, assignant pour terme à paroître la quinzaine après l'exécution de son mandat, lequel terme fut pourtant prolongé par M. Preux [Jacques de Preux], official de Sion, jusqu'au 11. novembre dite année.

2 documents cotés :
CHA 74/1/3~1
CHA 74/1/3~2

74/1/4
Vicariats de Bagnes
1708

Au lieu de poursuivre cette citation, on parla beaucoup de part et d'autre d'accomodement, et on en dressa divers projets. Enfin, soit l'Abbaye, soit les paroissiens tombèrent d'accord le 12. novembre 1708 touchant les articles suivans, qui levoient toutes les difficultés :

1° Les paroissiens sont exhortés à faire certaines oblations libres et particulières qui se sont quelques fois pratiquées, mais ils n'y pourront être contraints. Quand aux offrandes générales et accoutumées des fêtes daut , des morts et des mortuaires, si elles se continuent comme les paroissiens y sont exhortés, l'Abbaye et curé seront chargés d'entretenir le 1er vicaire sans autre rétribution.

2° L'abbé nommera le 1er vicaire de l'agrément du curé, avec l'approbation de l'ordinaire pour l'administration des sacremens.

3° Quand les curés seront séculiers, les vicaires le seront aussi, réservée toujour la nomination du 1er à l'abbé avec l'agrément du curé ; et quand les curés seront réguliers, les vicaires le seront aussi, mais toujour approuvés par l'ordinaire.

4° La prémice arrêtée à un gros ou à demi-batz par feu ; et la communauté achèvera la fondation pour le 2d vicariat à raison de 18 pistoles, monoye du pays, payables anuellement à la Saint-Martin, dont la communauté aura le fond et la propriété, et le vicaire aura un livre de recouvre, sans pouvoir recouvrer aucun capital.

5° La communauté aura la présentation des trois prêtres pour le 2d vicaire, ou à tout le moins de deux profès de l'Abbaye, s'ils sont réguliers ; et l'abbé en choisira l'un, qui sera approuvé par l'ordinaire.

6° Les deux vicaires, étants réguliers, seront amovibles par l'abbé et dépendront de l'évêque en fait de l'administration des sacremens, selon les canons et le Concile de Trente. Lesdits vicaires, étants séculiers, pourront être changés pour raisons de mauvais comportement connues par ledit évêque.

7° Le 2d vicaire dira une messe à chaque 4 tems de l'année, et le lendemain une grand-messe, et les vigiles des morts ; et les offrandes volontaires qui s'y feront seront pour lui.

8° Quand l'un des vicaires manquera plus de deux mois sans cause légitime, la communauté de Bagnes pourra retenir les revenus <page 1086> du 2d vicariat à rate des vacations.

À la fin, on proteste de ne vouloir point déroger au traitté de Rome du 15. décembre 1688, ni aux droits de l'évêque et de l'abbé, etc., et on réserve expressément l'approbation du nonce et de l'ordinaire.

On cotte ici cet accord qui n'est point signé.

2 documents cotés :
CHA 74/1/4~1
CHA 74/1/4~2

74/1/5
Vicariats de Bagnes
Originaux
1708

On ajoute, sous le N° 5 [74/1/5], deux lettres - l'une du 4., et l'autre du 22. décembre 1708 - addressées par Mgr l'évêque Supersaxe [Franz Joseph Supersaxo] à l'abbé Camanis [Nicolas-François Camanis], par lesquelles, et surtout par la 1ère, on voit qu'il étoit prêt à confirmer le prédit accord et qu'il l'approuvoit.

2 documents cotés :
CHA 74/1/5~1
CHA 74/1/5~2

74/1/6
Vicariats de Bagnes
Original
1709

Cependant, M. Defago [François Defago], curé de Bagnes, s'étant opposé audit traitté devant le prédit seigneur évêque, celui-ci admit cette opposition, comme il paroît par son mandat du 5. janvier 1709 cotté ici.

1 document coté :
CHA 74/1/6

74/1/7
Vicariats de Bagnes
Originaux
1708

Enfin, on cotte ici deux lettres originales des sindics de Bagnes à l'abbé Camanis [Nicolas-François Camanis] - la 1ère du 30. novembre, et la 2de du 23. décembre 1708 - par lesquelles on voit que les Bagnards ont consenti avec plaisir que les vicaires fussent chanoines réguliers, et qu'ils ont promi d'achever la fondation du 2d vicariat, etc.

2 documents cotés :
CHA 74/1/7~1
CHA 74/1/7~2

On pourra voir dans ce tiroir 74. un paquet à part, où sont contenues diverses lettres et autres papiers concernants les difficultés dont on vient de parler ; mais je ne les ai pas cru de conséquence, une partie même peuvent passer pour n'être que des paperasses qui auroient mérité d'être jettés au rebut.

1721 et 1722. On peut encore voir, dans le même paquet, plusieurs lettres - tant de M. le curé Gibsten [Charles François Gibsten] que de Mgr l'évêque [Franz Joseph Supersaxo] et du lieutenant Mabillard - addressées à l'abbé Charléti [Louis-Nicolas Charléty], touchant des brouilleries et tumultes arrivés à Bagnes en 1721 et 1722, à l'occasion de ce que M. Cortey, 2d vicaire, s'étoit séparé en février 1721 du curé [Charles François Gibsten], et prétendoit avoir droit même en qualité de vicaire de demeurer chés lui, ce qui faisoit craindre audit curé qu'on n'érigeât le 2d vicariat en bénéfice séculier séparé de la cure, et c'est ce qui le porta à s'opposer à ces démarches. Le plus grand nombre de la populace des 8 quarts prenoit chaudement le parti de M. Cortey, qui étoit à sa tête avec le capitaine Bruchez. Les sindics, jurés, officiers de l'abbé et quelques-uns des plus sensés de la paroisse, qui tenoient pour le curé, furent insultés et même maltraités, et obligés de se cacher le jour des Cendres 1721 et le 15e aoust 1722. La chose fut portée par la populace devant Mgr Supersaxe [Franz Joseph Supersaxo], qui favorisa assés ouvertement M. Cortey, en le dispensant sous divers prétextes de retourner à la cure, et voulant en attendant qu'il continuât à faire ses fonctions de vicaire, sans en vouloir admettre un autre. Il paroît aussi que le nonce [Dominique Passionei], informé de toutes ces brouilleries, lâcha un monitoire qui, publié ledit 15e aoust 1722, occasiona le plus grand tumulte. Mais on ne voit pas de quoi il s'agissoit dans ce monitoire, ni quelle en étoit la teneur. C'est là tout le précis desdites lettres, sans qu'on voye comment ces difficultés se sont terminées.

Si on avoit les actes des visites de 1706, de 1722 (qui suivit le tumulte dont on vient de faire mention), de 1739, de 1755 et de 1765, peut-être pourroit-on <page 1087> dire quelque chose de plus clair et de plus satisfaisant touchant les droits de prémices, de mortuaires et d'offrandes en faveur des curés de Bagnes, et surtout touchant les susdits vicariats ; mais à défaut de ces visites et d'autres documens qui se trouvent peut-être dans la susdite cure ou ailleur, on se contente de remarquer que, selon la note cottée ci-dessus - Provisions récentes des curés de Bagnes, N° 21 [73/2/21] - on trouve dans l'acte de la visite de Mgr Roten [Johann Hildebrand Roten], faite en 1755, l'ordonance suivante : " Secundus vicariatus, quem nunc administrat reverendus dominus Schmithalter [Jean-Joseph Schmidhalter], canonicus regularis, præsbiter, in ultima visitatione admissus denuo confirmatur ; et pro stipendio reverendo domino parocho solvendo pro dicto vicario, communitas oneratur recupera. Quæ communitas solvit reverendo domino parocho, in duobus terminis - nempe festo sancti Joannis Baptistæ [saint Jean-Baptiste], et festo Nativitatis Domini Nostri Jesu Christi [Noël] - duodecim duplas : residuum est pro onere recuperæ ; si vero reverendus parochus se oneret recupera, habebit et ipse quod est residuum. ".

<page 1088> : vierge

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