Les archives du Grand-Saint-Bernard aujourd’hui
Les archives de la Congrégation des chanoines du Gd-St-Bernard ne sont pas uniquement celles conservées à l’hospice. Il existe d’autres fonds, d’importance inégale, dont la Congrégation assume la charge, ainsi que des fonds placés sous la responsabilité d’autres entités, au gré des circonstances historiques de ces derniers siècles.
1. FONDS CENTRALISES
AGSB : Archives du Grand-Saint-Bernard,
conservée à l’hospice
Il s’agit des archives historiques de la Congrégation, dont Monsieur
Donnet, dans son historique (DONNET A., Notes sur les archives de l’hospice
du Grand-St-Bernard, in Coll., Mélanges offerts à M. Paul-E. Martin,
Genève 1961, p. 213-221, cf page web précédente), émettait
le vœu qu’elles soient enfin cotées de manière systématique,
ce qui a été réalisé à partir de 1972.
En effet, grâce à la collaboration des Archives cantonales du Valais, l’inventaire assez détaillé publié ci-après a été réalisé. Le chanoine Lucien Quaglia (1905-2001), archiviste de la Congrégation, a rédigé une grande partie des fiches descriptives des documents, tandis que M Grégoire Ghika a complété le travail et patiemment réordonné la logique des diverses séries en vue d’en dactylographier l’inventaire. Dans un dernier temps, chaque document a été microfilmé, ce qui a donné 254 films à 600 photos, pour un total de 152'400 clichés (estimation donnée et par M Ammann et par M Follonier aux archives cantonales, le 12 juin 2002). Cet immense travail a duré 22 ans, pour se terminer en 1994, tandis que les derniers documents ont rejoint l’hospice en 1996. La fondation des Archives historiques de l’abbaye de Saint-Maurice a gracieusement proposé de mettre en ligne cet inventaire dès 2002, ce qui est devenu une réalité dès avril 2003, par contre, la Congrégation ne désire pas encore se lancer dans un projet de numérisation globale, comme la fondation le lui avait proposé.
Ces archives sont le témoin de l’histoire de la Congrégation du milieu du douzième siècle aux années 1950, principalement en Suisse. En effet, les documents concernant l’antique monastère du Mont Joux, attesté dès 812 ont été détruits lors de la destruction de ce dernier au milieu du dixième siècle, tandis que les documents concernant la restauration de ce monastère et la fondation de l’Hospice au sommet du col par Bernard, archidiacre d’Aoste, vers les années 1050 ont disparu depuis lors. La majorité des documents concernant les privilèges octroyés à la Congrégation, ainsi que les propriétés en Suisse nous ont été transmis par l’Ordre des Saint Maurice et Lazare à la fin du dix-huitième siècle : A la suite de grandes tensions parmi les chanoines du Gd-St-Bernard, la partie de la Congrégation qui se trouvait sur les terres de la Maison de Savoie a été sécularisée en 1752, par la bulle « In Supereminenti » de Benoît XIV (19 août 1752), qui, en contrepartie, permettait aux chanoines d’élire librement leur supérieur général, le prévôt. Les archives étant à Aoste à cette époque sont devenues la propriété de cet Ordre qui a permis au chanoines de récupérer la majeure partie de ce qui concernait la gestion des biens qu’elle possédait encore. Il n’y a pas eu de réflexion approfondie pour trouver une date butoir afin d’inventorier ces archives historiques. Les documents utilisés pour l’administration courante se trouvaient à Martigny, tandis que le reste était à l’hospice, dont les dossiers personnels des chanoines. Ainsi, au début des années 1970, tout ce qui était à l’hospice a été pris pour catalogage. Il faut ainsi se méfier des séries dès la fin du dix-neuvième siècle, car elles sont souvent incomplètes, le reste étant à Martigny…
A ce jour, un projet de reconditionnement est en cours, à la suite entre autres d’un rapport d’expertise effectué par M Andrea Giovannini en octobre 2003. Il s’avère que les cartons, les chemises et les fourres qui ont été utilisées pour ordonner les anciennes liasses en utilisant le classement vertical ont été fabriquées en carton et papier acides, qui détruisent les documents qu’il sont censés protéger. Le classement vertical serait conservé, tandis que les documents scellés seraient mis à plat.
Par manque de personnel, les documents ne sont en principe pas consultables, sauf pour des travaux universitaires ciblés. En cas de demande de consultation prolongée de certains documents, il est envisageable de s’en procurer le microfilm, aux frais du chercheur, auprès des archives de l’Etat du Valais, à Sion. Au préalable, l’autorisation de l’archiviste de la Congrégation est requise. Par contre l’inventaire est consultable soit en ligne, sur ce site, soit sur papier, aux Archives de l’Etat du Valais, à Sion. Voici le plan général de classement des archives :
AGSB Météo de 1 à 16 : Station de météorologie
AGSB Plan de 1 à 13 : Plans
AGSB Arch 1 et 2 : Inventaires d'archives
ASBM : Archives du Saint-Bernard à Martigny
Il s’agit d’une partie des archives courantes (l’autre est
chez les divers « officiers » de l’Ordre), des archives de
dépôt et d’une partie des archives historiques de la Congrégation.
Elles sont nées lors de la Séparation (19 août 1752), qui
a forcé les prévôts à loger à Martigny plutôt
qu’en ville d’Aoste. Il s’agissait à cette époque
de « doubles à l’usage du Prévôt » avant
de devenir progressivement les archives de la Congrégation, au détriment
de celles de l’hospice.
Lors de la Construction de l’église abbatiale Marie Reine de Martigny – consacrée en 1961 – faisant suite à celle du séminaire – béni le 6 décembre 1959 – un vaste local situé en sous-sol de cette dernière (sous l’autel du Saint-sacrement) a été assigné aux archives, ainsi qu’aux réserves d’ouvrages publiés aux éditions du Gd-St-Bernard. Trop humide, il a été abandonné en 1994 au profit de l’ancienne chapelle de la Maison Saint-Bernard (au 1er étage de l’ancien bâtiment, à l’angle de la rue Hôtel-de-Ville et de l’entrée dans la cour intérieure). A cette occasion elles ont été répertoriées pour la première fois de leur histoire (de début 1995 à 1997) par Philipp Kalbermatter, et installées dans des compactus (classement vertical). A la fin 1999, au début des grands travaux de restauration générale de la prévôté, les archives ont été déplacées dans le bâtiment des garages et de la lingerie, où elles s’y trouvent encore. Leur plan de classement a été modifié pour être en plus grande harmonie avec celui des archives historiques dont elles assurent la continuité. De plus, des fonds y ont été déposés, ce qui explique qu’elles sont en cours d’inventaire depuis la fin 2002. Notons qu’une partie reste non consultable pour des raisons évidentes de discrétion, de respect des personnes et de recul historique nécessaire pour évaluer au regard du temps certaines situations (environ 75 ans sans consultation, sauf pour les dossiers personnels : 100 ans après le dernier acte du dossier ou de la date de décès).
Archives courantes de la Procure, conservées à Martigny
Il s’agit des archives du procureur, cellérier ou économe
général de la Congrégation. La partie ancienne se trouve
à l’hospice du Gd-St-Bernard, dans le fonds de l’administration.
Cependant cette section n’est pas complète à l’hospice
depuis les années 1850, car le procureur garde ses archives courantes
à Martigny, ce depuis au moins le dix-huitième siècle,
et dans le même local (Martigny). Elles ont été inventoriées
par Philipp Kalbermatter de 1995 à 1997. A moyen terme, leur fond ancien
sera versé à la cote H des archives de Martigny (ASBM). Depuis
1998-1999 la procure s’est restructurée en engageant un administrateur,
qui est appelé, en plus de la gestion des biens en Suisse, à décharger
les économes locaux d’une partie de leur travail, ainsi le volume
des archives courantes de la procure augmente, diminuant le volume administratif
des autres Maisons locales. Depuis 2002-2003, se met en place un système
similaire pour les biens situés en Italie. Naturellement, ce fonds, essentiel
pour la vie et l’administration de la Congrégation, n’est
pas consultable.
AGSB SIM : Archives de l’hospice du Simplon, conservées à
Martigny
Fond d’archives de l’hospice du Simplon depuis sa fondation en 1801.
En 1994, elles ont été transmises aux Archives de l’Etat
du Valais pour en dresser l’inventaire, qui arrive bientôt à
son terme. Elles ne rejoindront pas le Simplon – l’hospice ne gardera
que ses archives courantes - mais les archives centrales de Martigny, selon
la décision du Conseil Général de mars 1994.
AGSB VAO : Archives du Saint-Bernard en Vallée d’Aoste, conservées
à Martigny
En 1137, le comte de Savoie Amédée III donne à l’hospice
les terres et le château Verdun, à St-Oyen (AO). Cette propriété
devient rapidement la ferme qui centralise la nourriture pour l’hospice
sur le versant sud des Alpes. D’autres propriétés vont rapidement
augmenter le patrimoine de la Congrégation dans le diocèse d’Aoste.
En 1752, le tout est sécularisé et devient la propriété
de l’Ordre des Saints Maurice et Lazare qui assure aujourd’hui encore
la conservation de ces lots d’archives.
Rapidement, la ferme de St-Oyen est rachetée (1859) pour servir à l’hospitalité sur le col. Cette propriété va s’agrandir par l’achat d’alpages… Durant les guerres du Sonderbund, le prévôt Filliez (1830-1865) est expulsé de Suisse et trouve refuge en Val d’Aoste, où il achètera une demeure (à Mont-Cenis). Au milieu du vingtième siècle, suite à une augmentation du nombre de vocations, la Congrégation fonde un prieuré en ville d’Aoste (1950), achète des terres – dont la ferme de Montfleury – et ouvre une école d’agriculture, toujours en fonction. En mars 1988, le Chapitre général approuve un plan de restauration du bâtiment principal de la ferme de St-Oyen qui se transforme en maison d’accueil (1991). En 1998, le prieuré de Montfleury est supprimé, réduisant les maisons de St-Oyen et l’école d’agriculture en une des neuf maisons locales de la Congrégation. La gestion de la majeure partie des biens de l’ancien prieuré est alors transférée à la procure. Les archives en Vallée d’Aoste ont souffert à plusieurs reprises, notamment de la pluie, de la visite de souris et de dispersion dans les bâtiments. En 2002, la majeure partie de ce qui a été retrouvé a été transférée à Martigny pour y être inventoriée, travail qui est en cours. La partie historique restera à Martigny tandis que les titres de propriété et les archives courantes vont rejoindre la maison locale de St-Oyen.
Pour des renseignements concernant les archives centralisées, s’adresser à l’archiviste de la Congrégation : Archiviste du Gd-St-Bernard, Rue Hôtel-de-Ville 18, CH-1920 Martigny (le courrier est transmis) ou, actuellement : Chne Jean-Pierre Voutaz, Archives du GSB, Rue Hôtel-de-Ville 5, 1920 Martigny.
2. FONDS NON-CENTRALISES
Archives de la Mission, à
Taïwan
Les archives de la Mission (en Chine, au Tibet, puis à Taïwan) sont
conservées sur place (Catholic Chruch Po-Ai Lu 64 971 Hsincheng, (Hwalien)
Taïwan R.O.C.)
Les archives paroissiales
La Congrégation avait la charge de paroisses « pleno jure »
jusqu’en 1996, c'est-à-dire qu’elle devait en assumer la
juridiction temporelle (gestion du patrimoine), tandis que l’évêque
en assumait la juridiction spirituelle (gestion des âmes). A ce jour,
elles sont généralement dans les différentes paroisses,
classées et conservées avec un soin inégal. A terme, il
serait envisageable de les transférer à Martigny, des origines
à 1996, pour leur assurer une certaine pérennité. Il s’agit
des paroisses de Bourg-St-Pierre, Liddes, Orsières, Sembrancher, Bovernier,
Martigny, Trient et Lens. La paroisse de Vouvry, également de statut
« pleno jure » (de 1204 à 1996) a été remise
au diocèse en échange de la desservance des paroisses de Chermignon
et de Montana Village, sans statuer sur le sort de ses archives paroissiales.
Pour la consultation des archives paroissiales, la démarche souhaitée consiste à en consulter l’inventaire auprès des Archives de l’Etat du Valais (Rue des Vergers 7, 1951 Sion), puis de s’adresser aux diverses paroisses si la consultation des documents est nécessaire. Pour les registres paroissiaux, il faut d’abord demander une autorisation écrite de consultation auprès de la paroisse concernée, puis se rendre aux Archives de l’Etat où la lettre permet de consulter le tirage papier des microfilms des registres.
3. FONDS DONT LA GESTION EST ASSUMEE PAR D’AUTRES INSTITUTIONS
Archives de l’Ordre
Mauricien, à Turin
Contient un énorme fond concernant la gestion des bénéfices
de la Congrégation, principalement hors du diocèse de Sion.
4. COLLECTIONS RATTACHEES AUX ARCHIVES
Photothèque
Depuis 1996 et 2003, la collection de photographies de la Congrégation,
négatifs (en verres et les actuels), enregistrements sonores et films
de la Congrégation est déposée provisoirement à
la Médiathèque Valais à Martigny (Av de la Gare 15, CH-1920
Martigny) pour y être répertoriée de manière homogène.
En effet, la majeure partie de la collection conservée à l’hospice
a déjà été inventoriée par M Jacques Clerc,
aux frais de l’hospice, de 1990 à 2001, tandis que le matériel
acoustique et visuel stocké à la Maison Saint-Bernard de Martigny
jusqu’en 1996 n’était pas classé.
Estampes, Cartes postales,
diapositives
Ces collections, représentant principalement l’hospice du Gd-St-Bernard,
sont conservée aux Archives.
ELEMENTS DE BIBLIOGRAPHIE SUR LES ARCHIVES
Leur constitution
DONNET A., Notes sur les archives de l’hospice du Grand-St-Bernard, in
Coll., Mélanges offerts à M. Paul-E. Martin, Genève 1961,
p. 213-221.
FRUTAZ A. P., Le fonti per la storia della Valle d’Aosta, Rome 1966, p.
132-133 [catalogue sommaire des archives et notice sur la bibliothèque
de l’hospice par le chne Lucien Quaglia]
GREMAUD J., Documents relatifs à l’histoire du Valais, G Bridel
et Cie Lausanne 1875 [Mémoire et Documents publiés par la Société
d’histoire de la Suisse romande vol. 29], p. XIII-XIV.
L. QUAGLIA, La Maison du Grand Saint-Bernard des origines aux temps actuels
Pillet Martigny (2)1972, p. XI, XII et 434.
ZENHÄUSERN G., Le Grand-Saint-Bernard, in Helvetia Sacra IV.1 Les Ordres
suivant la règle de Saint-Augustin, Les chanoines réguliers de
Saint-Augustin en Valais, Helbing & Lichtenhahn Bâle et Francfort-sur-le
Main 1997, p. 135-147 [historique des archives, puis description des fonds d’archives
concernant le Gd-St-Bernard].
Quelques documents imprimés
Acta Pontificum Helvetica. Quellen schweizerischer Geschichte aus dem päpstlichen
Archiv in Rom 1 (1190-1268), éd J Bernoulli Bâle 1891.
BATTAGLINO G., Le carte dell’Archivio dell’Ospedale Mauriziano di
Aosta fino al 1300, in Biblioteca della Società storica subalpina 17
(1903), p. 239-290.
BÜCHI A., Urkunden und Akten zur Geschichte des Augustiner Chorherrenstiftes
auf dem Grossen St. Bernhard (1503-1513) in RHES 12 (1918), p. 81-100.
GREMAUD J., Documents relatifs à l’histoire du Valais, G Bridel
et Cie Lausanne 1875-1898, 8 vol. [Mémoire et Documents publiés
par la Société d’histoire de la Suisse romande vol. 29 à
33 et 37 à 39].
PIVANO S., Le carte delle case del Grande e del Piccolo San Bernardo esistenti
nell’archivio dell’Ordine Mauriziano, in Biblioteca della Società
storica subaplina 17 (1903), p. 58-238.
Chne Jean-Pierre Voutaz, 13 février
2004