TABLE RONDE 1er et 2 juin 2007

BESANÇON

Autour de saint Maurice :
Politique, société et construction identitaire.

 

Liliane HAMELIN :

Les représentations de saint Maurice en Franche-Comté

 

 

A ce jour, le corpus compte 50 œuvres issues de la documentation de l’Inventaire général et des Monuments historiques. Il concerne les domaines variés de l’histoire de l’art : peinture, sculpture, peinture monumentale, vitrail, tissu et orfèvrerie. Jusqu’à présent, la fourchette chronologique s’étend de 1547, date portée sur la statue équestre de saint Maurice de l’église Saint-Maurice à Cressia (Jura), à 1930 date inscrite sur une des verrières de l’église Saint-Maurice de Corre (Haute-Saône).

Saint Maurice est tantôt représenté sous les traits du chef de la légion thébaine, tantôt sous ceux d’un chevalier du Moyen Age. Dans le 1er cas, il est figuré revêtu d’une armure romaine, portant une épée, une lance à pennon et un bouclier. Il est généralement debout comme à l’église Saint-Maurice d’Aroz (Haute-Saône), statue en bois polychrome du 18e siècle. (Fig. 1 ci-contre à gauche).

Il est plus rarement représenté à cheval (tableau du 18e siècle de la chapelle Notre-Dame des Champs à Boujailles, Doubs).
A l’instar de saint Georges, saint Maurice est figuré en chevalier portant une armure du Moyen Age. Il est, dans ce cas, le plus souvent à cheval (statue en bois polychrome, début 16 e siècle de l’église de Lavangeot). (Fig. 2 à droite).

Une remarquable pièce d’orfèvrerie le montre exceptionnellement en pied à l’église Saint-Maurice de Salins dans le Jura. De la main droite il tient la lance à pennon orné d’une croix tréflée et de la main gauche il porte, en guise de bouclier, un cabochon enchâssant une relique. C’est une œuvre remarquable portant la date 1616 et la signature de Jean Perrey, orfèvre de Salins. (Fig. 3 ci-contre à gauche).

Il est parfois délicat, faute de vocable concordant, d’inscription portée sur l’œuvre, de document d’archives ou encore de travaux historiques, d’affirmer que l’œuvre en question soit une représentation de saint Maurice. En effet, il peut être facilement confondu avec d’autres saints militaires, comme le prouve les exemples suivants : à l’église d’Asnans, dans le Jura, une statue du 17e siècle d’un chevalier pourrait faire penser à saint Maurice. Toutefois, le vocable de l’église nous oriente en direction de saint Victor, un des compagnons de saint Maurice. (Fig. 4 à droite).

Autre exemple, à Montgesoye la statue en bois polychrome du 18e siècle de Saint Gengolph (ou Gengoulph), dont l’iconographie est confirmée par l’inscription sur le socle et le vocable de l’église. (Fig. 5 à gauche).

Le plus souvent saint Maurice est représenté seul, en pied ou à cheval. Il est parfois associé à d’autres saints. Le reliquaire de l’église de Soucia, par exemple, montre saint Maurice et saint Georges terrassant le dragon. C’est une œuvre de l’orfèvre salinois Jean-Baptiste Thouverey, vers 1678. (Fig. 6 à droite).

A l’église Saint-Maurice de Besançon, il est présent sur une verrière du 19e siècle, entre saint Antide et saint Donat, évêques de Besançon.

Le corpus compte quelques scènes du martyr de Saint Maurice et de ses compagnons. Le tableau de l’église Saint-Maurice d’Ouhans, inséré dans le retable du maître-autel du 18e siècle, représente saint Maurice, debout, au 1er plan recevant une couronne de laurier de deux angelots. La scène du martyre de la légion est visible au second plan. (Fig. 7, à gauche). Cette scène, dont on ignore jusqu’à présent le modèle, eut un certain succès si on en croit les nombreuses copies que l’on retrouve dans d’autres maîtres-autels, comme à Saint-Maurice de Boult et à l’église Saint Symphorien de Brussey, en Haute-Saône.

Autre exemple, une composition du 19e siècle de l’église Saint-Maurice de Besançon. La scène représente l’empereur Maximien exhortant saint Maurice à sacrifier au dieu païen. La scène du martyre se situe au second plan.

Enfin, l’ensemble des tableaux du maître-autel de l’église de l’Assomption de Valempoulières, dans le Jura, signé Nicolas Richarde et datant de 1640, est consacré à saint Maurice. Toutefois, le thème iconographique de deux des représentations pose problème. L’un semble être la bénédiction de la légion thébaine par le Pape, l’autre une procession de reliques en présence de saint Maurice (?). (Fig. 8-9 à droite et ci-dessous). Ce corpus rapidement constitué à mis en évidence deux types de représentation : saint Maurice, chef de le légion thébaine, vêtu de l’armure romaine et saint Maurice en  chevalier médiéval. Par ailleurs, nous avons souligné, les confusions possibles avec d’autres saints militaires . Bien entendu, ce corpus est encore à enrichir, l’iconographie est à revoir de façon plus systématique, en soulignant, comme certains d’entre vous me l’ont signalé, la présence/absence de la croix tréflée, insigne de saint Maurice.

A l’année prochaine donc !

L.H.