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Privilège royal
(15 février 1018)
(AASM Charles 1/1/6~1)

Traduction
par Germain Hausmann

 

Au nom du Dieu éternel et Notre Sauveur Jésus-Christ, Rodolphe III (Rodulfus), par la grâce de Dieu, roi des Bourguignons.

Celui qui, vivant dans ce siècle de richesses, en est abondamment pourvu, doit avec une grande diligence s'assurer de ne pas laisser s'échapper la fleur très opulente de la dignité éternelle et la gloire de la patrie céleste en s'y consacrant à l'excès. Même si le Seigneur a dit qu'il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume des cieux, il ne nous faut cependant pas perdre toute foi en Son immense amour, car Celui qui donne nourriture aux oisillons affamés du corbeau qui l'appellent au secours ne refusera pas la grâce aux serviteurs qui espèrent en Lui, car aussi, Il n'a pas jugé petit ou sans valeur de prendre forme humaine, et qu'enfin, Il ne veut pas abandonner à autrui celui qu'il a racheté par son très précieux sang puisqu'Il nous sort de là oł il est venu nous libérer. C'est pourquoi Il nous offre un moyen de salut à nous, pêcheurs, car il enseigne de nous faire des amis non seulement avec nos biens propres ou acquis honnêtement, mais encore avec nos richesses d'iniquité pour qu'il nous reçoive dans la béatitude éternelle. Fort de ces enseignements et d'autres encore, nous ne doutons pas que, si nous prêtons toujours une oreille équitable aux demandes de nos fidèles, nous les rendrons à l'évidence plus zélés et dévoués à notre service, ce qui sera très utile non seulement au statut de notre âme, mais aussi celui de notre royaume.

Que tous nos fidèles dévoués tant présents que futurs sachent que certains de nos fidèles, soit notre épouse, la reine Ermengarde (Hermengundis), les comtes Berthoud (Bertoldus), Rodolphe (Rodulfus) et Robert (Robertus), ainsi que Hugues (Hugues), évêque de Sion, Henri (Heinricus) de Lausanne, Hugues (Hugo) de Genève, Bourcard (Borchardus) de Lyon, Anselme (Anselmus) d'Aoste et Pandulfus, qui nous supplient avec d'autres frères, ont fait appel à notre clémence, nous demandant de, pour notre salut et en vertu de leurs demandes, subvenir à l'église d'Agaune très misérable au bord du naufrage dans une mer de désolation. Donnant avec bienveillance notre approbation à ces demandes, nous donnons - plutôt nous rendons les biens donnés par [nos] prédécesseurs - tant à l'église d'Agaune qu'aux frères servant là Dieu et saint Maurice, proclamant leur foi en vêtant et en nourrissant les étrangers, à leur mense au réfectoire les fiscs de Sciez ? (Sigiciacum), Lully (Lulliacum), Commugny (Communiacum), la moitié de Pully (Puliacum), Oron (Auronum), la pauté de Vuadens (Vuadengis) et de Bouloz (Bedolosci), et à Vevey (Vivesio) le plaid avec toute redevance de cens des hommes, Lutry (Lustricum), Vouvry (Vobreium), Ollon (Aulonum), Villy (Villia), Naters (Nares) - avec toutes leurs appartenances, les oblations faites aux autels de leurs églises - la moitié du bourg de ce lieu (Saint-Maurice VS), le four avec les moulins de cet endroit, les deux tiers du tonlieu de sel, les alpes de saint Maurice de toute la vallée du Chablais, de façon que, de tout temps, par l'autorité de notre précepte, eux et leurs successeurs aient et tiennent ces choses en toute quiétude, qu'ils puissent en conséquence vivre au réfectoire et afin qu'ils fassent librement ce qu'ils ont décidé être utile à eux et au bien commun.

Si quelqu'un, ce que nous ne croyons pas, venait à leur causer du tort, qu'il ne puisse revendiquer le droit qu'il désire, mais, comme coupable, qu'il paie 500 livres du meilleur or, la moitié à l'église, l'autre moitié à la Chambre du roi. Pour le rendre plus crédible, nous confirmons ce présent précepte de notre propre main et nous demandons qu'il soit scellé de notre sceau et muni des anathèmes des susdits évêques.

Signum du très brillant et sérénissime roi Rodolphe III (Radulfus).

Le chancelier Amizo, au nom de l'archichancelier, dom Anselme (Anselmus), a écrit ce précepte l'an de l'incarnation du Seigneur mille XIV, l'an XXIV du règne du roi Rodolphe (Rodulfus), le samedi XV des calendes de mars, lune XVIII, indiction première. Fait à Agaune. Feliciter.

 

 

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